ODY SABAN – SON ATELIER

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20/09/2013 - 30/09/2014

A Propos de

Le retour de la Grande Déesse

L’art peut dire l’être de l’artiste en lequel l’être d’autres se reconnaîtront ; il peut dire un rapport au monde qui coïncidera avec celui de beaucoup. Mais au-delà, une œuvre peut être un système du monde, et c’est ce qui fonde les plus hautes.

Telle est celle qu’Ody Saban est parvenue ci révéler dans un cheminement de trente ans, cheminement de son art et cheminement sur trois continents en même temps qu’au travers des mythes qui s’y bousculent. Qu’est-ce qui l’a poussée de Turquie en Israël, d’Israël en Egypte, d’Egypte en France, de France aux Etats-Unis et retours, de-ci de-là, zigzaguant dans les milieux sociaux les plus divers, avec une préférence pour les marges, mais toujours les yeux bien ouverts ? Il le lui fallait sans doute pour se trouver.

Le fait est que la jeune fille de seize ans, d’amblée saisit les motifs multiples, voire contradictoires de l’Orient natal (pour elle mais aussi pour nous tous) dans un graphisme personnel, dont elle va jouer de toutes les façons possibles, surmontant l’enseignement scolaire, Ici-bas comme ici tendu vers l’abstraction.

Tout son cheminement sera de dépasser ces contradictions qui se croisent vers une unité plus haute, qu’elle va chercher par une marche arrière dans le temps, vers la source originelle, suivant un fil d’Ariane, intercesseur : le thème du couple, symbole le plus simple de l’amour.

Mais quelle en est l’essence, l’ideal, son utopie ? C’est à tâtons qu’elle y parvient, sans pourtant jamais perdre la piste. Et comme il en va de tous ceux qui marchent vers eux- mêmes, le hasard lui apportera ce dont elle a besoin. Femme ! Et revendiquant l’exaltation de la féminité, très tôt elle a rendu au croissant de lune sa symbolisation féminine, et le Triangle – figure féminine s’il en est, renverse de son inversion pour Dieu le Père – est vite devenu omniprésent dans son graphisme, pubis ou visage, éventuellement cornu, de démone, donc positive. La Bible et le Talmud lui fourniront, par opposition, Lilith ; 68 et New York la fusion de la Féministe et de la Sorcière ; la revelation de Catal Hüyük, enfin, la prééminence de la Déesse-Mère, à laquelle elle va associer l’Enfant. Le mouvement de son esthétique suit le mouvement de son initiation : toujours plus complexe et riche. Elle réinvente la peinture en rouleaux, des installations qui sont comme des rituels avec chasubles de toile peinte, coiffures, masques, miroirs cassés, trônes… Puis livres manuscrits, peints, véritables codex en exemplaire unique.

Les comptes seront réglés de la guerre des dieux et de la déesse : diane et la – Dame du lac sont réintégrées au grand culte, la Gorgone est réhabilitée, tandis qu’Athena est dénoncée pour passage à l’ennemi. Enfin, c’est le grand retour aux toiles où les couleurs pures du sang, de l’eau, du ciel, de la végétation luxuriante, du sable et des corps mêlés proliférant de vies célèbrent l’harmonie retrouvée – sans oubli cependant, des conflits encore en cours – dans la victoire érotique de la Grande Déesse.

Une grande oeuvre cosmologique, chargée d’utopie rassurante contre toutes les forces de mort.

Michel Lequenne

Historien d’Art et Critique d’Art
CATALOGUE DU MUSEE DE LA CREATION,BEGLES,1995

 

Retrouvez Ody Saban dans le Portrait art today des éditions Patou.

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