MICHAEL BIBERSTEIN – GALERIE JEANNE BUCHER JAEGER

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07/03/2020 - 30/05/2020

A Propos de

Deux ans après l’importante rétrospective consacrée à Michael Biberstein par Culturgest à Lisbonne en 2018, la galerie Jeanne Bucher Jaeger présente une nouvelle exposition réunissant peintures et œuvres sur papier de l’artiste suisse-américain Michael Biberstein, portugais d’adoption depuis plus de quarante ans. 

Du 28 au 31 mai 2020, une sélection d’œuvres essentielles de l’artiste sera aussi présentée à Art Paris au Grand Palais dans le cadre du regard porté sur les artistes de la Péninsule Ibérique. 

L’exposition se propose d’explorer les différentes étapes de la vie artistique de Michael Biberstein né le 7 novembre 1948 à Soleure en Suisse alémanique, et décédé le 5 mai 2013 à Alandroal au Portugal – depuis sa phase de déconstruction analytique de la peinture des années 70, où la structure même de son art est perçue comme un système de signes, à sa longue et méticuleuse recherche picturale à partir de la fin des années 80 : installations composées de bambou alternant espaces et interstices de fines couches de toiles, oeuvres exprimant la polarité du rapport sol/mur ou le contour d’une forme, ou encore la série d’images Prospect/Refuge ou celle de prédelles monochromes d’inspiration médiévale renforçant le paysage. Puis l’étude même du medium de la peinture, l’huile et l’acrylique, la déclinaison des syntaxes possibles jusqu’à la peinture comme expérience spatio-temporelle fondée sur une réponse physiologique, émotionnelle et intellectuelle que la couleur, la forme et le medium ont sur l’observateur.

Réminiscences admiratives des Vernet, Friedrich, Turner, Monet, Cézanne, Rothko, tout autant qu’empreintes secrètes des paysages orientaux, l’artiste identifie ses peintures comme des « machines à voir ».

Comme l’écrit l’historien d’art Delfim Sardo, commissaire de sa rétrospective récente : Michael Biberstein a forgé en son œuvre un pont rare entre la pratique de la peinture, l’utilisation d’un langage conceptuel provenant de la philosophie analytique, une attention portée au paysage à travers le processus de la peinture même, émanant d’une perspective éduquée et engagée historiquement, à travers la réhabilitation d’une compréhension toute particulière de la contemplation. 

En intégrant systématiquement l’observateur comme partie inhérente de son œuvre, soit que celui-ci l’amplifie, lui offre un horizon ou s’y réfugie et s’y sente en sécurité, l’artiste provoque en son œuvre une réaction intellectuelle et spirituelle du sublime sur l’humain, indissociable de sa propre expression artistique. L’apothéose étant la conception du Ciel de 900m2 de Michael Biberstein suspendu, lumineux, qui envahit la majestueuse voûte de l’Eglise baroque Santa Isabel à Lisbonne à laquelle l’artiste a consacré les quatre dernières années de sa vie, et dont la réalisation ultime s’est achevée en 2016, trois années après son décès. 

Marqué tout autant par la peinture romantique allemande que par la plus noble tradition de la peinture chinoise et la découverte de l’oeuvre de Mark Rothko qui va bouleverser sa vie, Michael Biberstein quitte sa Suisse natale dans les années 60 pour étudier l’Histoire de l’Art aux États-Unis auprès du critique britannique David Sylvester à Philadelphie où il comprend paradoxalement que l’expérience et le langage de la pratique picturale priment sur la théorie. 

Il s’intéresse à l’art Paléochrétien, à l’architecture sacrée, ainsi qu’à la peinture baroque, et plus particulièrement à Giovanni Battista Tiepolo. 

C’est au Portugal à la fin des années 70, d’abord à Sintra puis dans l’Alentejo où il résidera que Michael Biberstein trouve l’atmosphère propice à sa création. 

Par delà toute temporalité, sa peinture est quête métaphysique. Aucune forme spécifique ne s’y distingue, nul indice de réalité, un sublime ailleurs et partout qui ne fixe et n’identifie rien et guide l’observateur dans un espace à la fois proche et lointain, intérieur et extérieur, intime et distant laissant entrevoir notre impossibilité à percevoir les limites de l’univers tout comme celles de notre être. A peine quelques indices de titres qui font écho aux énigmes de l’Univers et au grand intérêt de l’artiste pour l’astrophysique. 

Notre regard silencieux ne se pose pas sur le paysage de ses toiles, mais convoque instantanément et mystérieusement notre historicité intérieure, nos paysages intimes. 

Une oeuvre prenant ses sources dans l’histoire de l’art mais qui devient quête métaphysique et fait de l’homme un être humain confiait Michael Biberstein en 2006 à Véronique Jaeger. 

L’exposition SEEING nous invite à pénétrer plus encore au coeur de l’échelle du regard par delà toute temporalité dans l’espace des champs magnétiques de l’acte de voir.

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