Manuela Marques – Galerie Calouste

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30/04/2014 - 26/07/2014

A Propos de

L’exposition Manuela Marques, La taille de ce vent est un triangle dans l’eau réunit une partie significative du travail photographique le plus récent de Manuela Marques. La trentaine de photographies présentées mettent en relief quelques-uns des thèmes et sujets abordés par l’artiste dans sa production depuis le milieu des années 1990.  A travers la photographie et la vidéo, l’artiste s’est investie dans un imaginaire fortement subjectif, poétique et intimiste. Manuela Marques a l’habitude de travailler le portrait, la nature morte, le paysage et recourt à des thèmes des plus variés (arbres, pierres, corps, objets, détails architectoniques…), et extrait de situations réelles des détails qui dévoilent de nouvelles perceptions. Ainsi privées d’un contexte, d’un environnement, les images revêtent un caractère mystérieux qui incite à de nouvelles interprétations. Les photographies invitent alors le spectateur à s’interroger sur ce qu’il  perçoit d’une réalité, et même à douter de ses propres perceptions. L’exposition entend tracer un parcours physique et sensible, sans aucun mouvement narratif, où les images s’articulent, dialoguent et permettent de nouvelles et multiples lectures.

Réunies sous le titre La taille de ce vent est un triangle dans l’eau, ces images sont issues du récent travail photographique de Manuela Marques. Elles soulignent les principales impulsions qui parcourent sa production artistique depuis le milieu des années 1990, quand, au moyen de la photographie et de la vidéo, l’artiste investit un imaginaire fortement subjectif, poétique et intimiste.

Sans qu’elles n’obéissent à aucun mouvement fut-il thématique, chronologique ou narratif, les photographies expérimentent des relations, des déplacements et des rapprochements entre la réalité et l’image, en explorant un vaste éventail de sujets : arbres, pierres, matières organiques, visages, mains, gestes, détails architecturaux et fragments de nature. Dans ces images, le travail de proximité est palpable, comme autant d’indices d’une relation haptique aux choses que l’artiste trouve et découvre dans le (son) monde. […]

On peut distinguer chez Manuela Marques deux manières d’envisager et d’exercer sa pratique photographique. La première relève explicitement du domaine de l’art, elle s’inscrit plus ou moins dans une culture préalable, un savoir cultivé, réfléchi et conceptualisé qui convoque et projette des logiques et des sens dans les représentations. La seconde, pas forcément en dehors de l’art mais dégagée d’une étiquette artistique, s’exerce comme une pratique essentiellement instinctive et indisciplinée. Son inspiration résulte des contingences et des opportunités de l’instant, comme autant d’indices d’une cohabitation quotidienne, directe et informelle dont ces images témoignent aussi singulièrement. […]

Les images de Manuela Marques ne sauraient se réduire aux thèmes représentés – pierres, bulles de savon, arbres, mains, verres, fragments de nature…- de même qu’elles ne cherchent pas à souligner la technique et l’originalité du cadrage ou sa maîtrise de la mise au point et de la profondeur de champ. C’est effectivement une photo qui ne prétend pas à une innovation formelle mais à un rendu plus attentif, plus intense et plus créatif. Ce sont des images qui ambitionnent d’être des opérations, des relations entre le visible et le dicible, des façons de jouer avec l’avant et l’après, avec la cause et l’effet.

Le travail de Manuela Marques s’inscrit bel et bien dans les pratiques contemporaines de l’image qui sont fortement liées à l’expression poétique, à l’exercice spéculatif et fictionnel, qui font appel au caractère indéterminé des œuvres, à la réflexivité et au sensible. Il s’agit de formes et de moyens légitimes (et nécessaires) de représenter et d’interpeller notre expérience de la réalité. Cette tendance préfigure, pourrait-on dire, la nécessité de libérer l’image d’une appréciation façonnée par « l’étalon de l’être », de la ressemblance et du vrai – simplement parce que l’image n’est jamais vraie – pour intensifier son caractère fondamentalement dynamique, mobile et expressif. […]

Chaque photographie présente une interruption temporelle, mais ici l’arrêt n’est jamais soudain, inattendu et accidentel. Les instants semblent être le corollaire d’une durée, d’une attente, d’une formation graduelle et lente. On comprend jusqu’à quel point l’effet de suspension et de fixation, – l’une des propriétés premières du « photographique» -, n’est pas une qualité fermée dans l’image (arrêtée et unique), car il n’exclut pas l’expérience d’une certaine durée, surtout à partir de la projection imaginaire de l’image considérée comme une possibilité extrêmement créative. Par conséquent, la photographie nous place devant ce double sens : d’un côté, elle suspend le mouvement, en pétrifiant le réel ; d’un autre côté, elle montre que l’immobilité est une impossibilité relative, car l’instant est vivant en temps et en mouvement, celui que l’œil et l’esprit expérimentent chaque fois que la fixité les provoque. C’est la fatalité (ou la non plausibilité) de la photographie, une image qui penche vers l’aphasie mais qui, dans le même temps, n’empêche pas la formation de mouvements (mentaux, fictionnels), de sorte que l’image ne se ferme jamais et ne s’arrête pas à nouveau. […]

Le statisme dans les photographies de Manuela Marques peut alors être compris comme une exploration de l’impermanence des images, où audelà de leur qualité spécifique, elles remplissent une fonction heuristique, à la recherche d’une autre compréhension de la nature des choses, privilégiant ce mouvement tâtonnant, où la vision se suspend et se libère à la fois, pour stimuler l’imagination et la mémoire. Ainsi, la photographie convoque l’art d’explorer la double poétique de l’image, en faisant de ses images simultanément ou séparément deux choses : les témoins visibles d’une cohabitation localisée avec les espaces, les objets et les corps ; et de purs blocs de visibilité, imperméables à toute narration, à toute traversée du sens. Ces œuvres nous forcent à découvrir la nature et le dessein de notre propre regard. Face aux choses, nous pourrons être le dispositif qui reproduit un geste ou un événement quelconque. Mais nous pourrons également comme le fait Manuela Marques accepter le défi de tout penser encore une fois, en sachant par avance, que nous ne voyons pas seulement (ni surtout) avec les yeux et que la pleine expérience du visible requiert la mobilisation d’un corps et d’un esprit disponibles pour expérimenter une réalité qu’on pressent mais qu’on ne voit pas pleinement mais à partir de laquelle tout est imaginable.

 

Infos pratiques :

Centre Calouste Gulbenkian
39, bd de La Tour-Maubourg
75007 Paris
+33 (0) 1 53 85 93 93

Du lundi au vendredi de 9h à 18h
Le samedi de 11h à 18h

Entrée libre

métro : La Tour Maubourg (ligne 8), Varenne, Invalides (ligne 13)
RER : Invalides (RER C)
bus : 28

 

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Remerciements à Andy Emler, auteur, compositeur pour la musique.

 

 

 

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