JonOne – Galerie RABOUAN MOUSSION

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22/03/2014 - 24/05/2014

A Propos de

Jonone – Evolution to Oils

JonOne est un artiste d’origine américaine qui vit à Paris depuis plus de vingt ans. Il est un des principaux représentants du street-art en France, et l’un de ses précurseurs. Très remarqué lors de l’exposition Né dans la rue à la Fondation Cartier (2009), JonOne est reconnu pour son travail à l’acrylique proche de l’abstract painting américain – ce qui le caractérise : sa signature JONONE en all over, sur toute la surface de la toile. En 2011 il avait déjà exploré le domaine de la sculpture lors de l’exposition The City Breathes à la galerie Rabouan Moussion. Il y présente aujourd’hui sa première exposition personnelle de peintures à l’huile, du 22 mars au 24 mai 2014.VERS L’EFFACEMENT DU SIGNE Lorsque nous arrivons dans l’atelier de JonOne nous l’interrompons en pleine séance de kick-boxing. C’est avec un accent américain appuyé, doublé d’une charmante désinvolture que cet homme d’allure jeune – qui ne fait absolument pas sa cinquantaine – nous accueille. Nous passons dans un autre lieu, dont les fenêtres ouvertes tentent d’atténuer une forte odeur de solvants. Il nous met en garde : « Attention par terre… ». Le polyane et les cartons qui protègent le sol sont en effet recouverts de gouttes de couleur,qui collent derrière nos pas lorsqu’elles ne sont pas sèches. Des souliers maculés de peinture y sont déposés, attendant d’être chaussés par l’artiste. Ce nouvel espace dont JonOne nous ouvre les portes est pour lui un lieu d’expérimentation dédié à la peinture à l’huile, et consacré à cette réflexion à laquelle la maturité le convoque. C’est la toute première fois que JonOne exposera le resultat de ces nouvelles recherches sur la matière : « Pour moi l’huile n’est plus du street art, ça devient une partie des beaux-arts, quelque chose d’institutionnel, que je considère comme une étape de mon parcours de création. C’est un matériau fantastique, sa luminosité est très différente, et les couleurs sont beaucoup plus fortes et plus profondes. Mais cette technique demande à être apprivoisée, il m’a fallu plus d’un an pour préparer ces œuvres ». L’inclusion de matière est remarquable dans ce nouveau travail.La toile est enrichie d’un volume constitué de sable et de colle, qui accidentent l’écriture, ajoutent des ombres, des irrégularités et creusent la toile en déviant les drippings. Sur certaines œuvres, on peut penser qu’il a fallu reconstruire un mur pour y déposer sa signature, créant ainsi un nouveau territoire graphique, un espace dont JonOne a lui-même défini le cadre. Le tag répétitif JONONE, sa signature, signe omniprésent qui habituellement constitue le squelette de l’œuvre devient ici un motif presque illisible, qui orchestre son propre effacement. « Je ne vois plus le tag, il va vers de la pure abstraction. Il a été mon ticket d’entrée vers la peinture à l’huile, et maintenant ma signature devient quelque chose de purement gestuel. » Dans l’atelier, après un monochrome noir d’une grande force, on peut voir d’autres tableaux qui portent une matière très dense, et certaines œuvres plus graphiques, proches de la pancarte, du protest. Au fond de l’atelier se trouve une pièce maîtresse : le drapeau des États-Unis recouvert de tags outrageants – JONONE JONONE JONONE… – John The One, l’unique du nom, affiche son insubordination en apposant sa signature sur les hautement symboliques stars and stripes du drapeau américain. « Ce drapeau est ma transgression, au même titre que de taguer un mur. Lorsque j’ai peint ce tableau j’étais comme enragé, c’était une nuit de vraie folie, de frénésie. Aux États-Unis, je pourrais aller en prison pour ça, un américain serait extrêmement offensé par ce geste. Il ne représente pas une revanche, mais ma relation aux États-Unis : j’ai créé ma propre histoire avec ce pays, et elle n’est ni patriotique ni nationaliste. C’est qui je suis aujourd’hui vis-à-vis de cette terre, en sachant que plus jamais je n’y habiterai. Vivre à New-York et écrire mon nom partout comme j’ai pu le faire, je ne considérais pas cela comme de l’art, ou ce qu’on appelle aujourd’hui du street art, à l’époque c’était ma révolte. Ce drapeau s’inscrit dans cette révolte : je considère ce pays comme un système d’oppression qui se cache derrière le mot démocratie, au même titre que l’oppression en URSS se cachait derrière le terme de histoire avec ce pays, et elle n’est ni patriotique ni nationaliste. C’est qui je suis aujourd’hui vis-à-vis de cette terre, en sachant que plus jamais je n’y habiterai. Vivre à New-York et écrire mon nom partout comme j’ai pu le faire, je ne considérais pas cela comme de l’art, ou ce qu’on appelle aujourd’hui du street art, à l’époque c’était ma révolte. Ce drapeau s’inscrit dans cette révolte : je considère ce pays comme un système d’oppression qui se cache derrière le mot démocratie, au même titre que l’oppression en URSS se cachait derrière le terme de il se considère aujourd’hui comme un peintre abstrait, qui utilise le langage plastique de la rue mais lorsqu’on l’interroge sur ses liens avec Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, il leur préfère aujourd’hui une filiation avec Raymond Hains, Jacques Villéglé, Christopher Wool ou Ben. « Mon travail a toujours été en évolution, et aujourd’hui, je sens que je suis devenu un artiste complet ». Propos recueillis par Alice Cazaux

 

Galerie Rabouan Moussion
121, rue Vieille du Temple
75003 Paris
T 01 48 87 75 91
F 01 48 87 75 91

rabouanmoussion@noos.fr

heures d’ouverture
lundi – samedi 10h-19h

 

Entretien avec Elisabeth Petibon, critique d’art

 

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Remerciements à Andy Emler, auteur, compositeur pour la musique.

 

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