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Dans une pratique artistique façonnée par l’ultime horizon événementiel de la guerre civile libanaise, Alfred Tarazi déploie ses stratégies visuelles afin de creuser des champs de mémoire, mis au hasard dans une vaste étendue du présent, souvent sans direction ni destination. Un accent narratif se produit, à la base duquel, l’artiste déterre des outils critiques et historiques pour lire des événements passés, fournis par le passé lui-même à la manière d’un héritage réticent. S’attaquant à l’obsession libanaise de l’histoire, prédominante dans les interventions artistiques au Liban, Tarazi interroge de manière ludique ses sources douteuses et ses pratiques d’archivage sélectif, mettant en évidence le rôle du passé en tant qu’origine et destination. Avec un réalisme impitoyable qui recoupe à la fois la fiction et l’historiographie, l’artiste articule le spectacle de la guerre comme une syntaxe de l’inimaginable, fragmentée à la pièce en un présent vécu. Cette archéologie du temps présent ne vise pas à restaurer, mais plutôt à représenter une condition historique à travers des fragments d’anomalie et de singularité. Le champ de la représentation, cependant, empêche la distance et l’enceinte : c’est un laboratoire, un journal, une enquête politique, un site de mémoire et un marqueur de réalité.

Galerie Janine Rubiez
Ground Floor, Majdalani Bldg (Banque Audi)
Charles De Gaulle Avenue, Raouche
Beirut, Liban

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